Économie: une conjoncture sous le signe de l’attentisme

L’économie mondiale continue d’évoluer dans un contexte difficile. L’incertitude quant à l’évolution de la conjoncture ainsi que l’orientation de la politique commerciale des États-Unis ont un impact négatif, suscitant une attitude attentiste dans de nombreux pays. Si la consommation et les investissements ne reculent pas partout, la prudence redouble cependant. Dans ce contexte, il ne faut pas s’attendre pour l’instant à une reprise conjoncturelle sensible.

L’économie suisse a connu un premier trimestre solide, porté principalement par l’industrie des exportations, qui a profité de commandes anticipées avant l’entrée en vigueur des droits de douane américains. Comme prévu, l’évolution dynamique de l’économie s’est sensiblement affaiblie au deuxième trimestre. Ce ralentissement ne s’explique toutefois pas uniquement par le mouvement inverse attendu concernant les exportations, la demande intérieure ayant elle aussi perdu de sa vigueur. Ainsi, les chiffres d’affaires du commerce de détail enregistrent un net fléchissement et le climat dans le secteur des services s’est lui aussi nettement dégradé ces derniers temps. Cette évolution ne tient guère à l’inflation, la Suisse faisant partie des rares pays se caractérisant par la stabilité des prix. La pression sur les prix est désormais si faible que la Banque nationale suisse a abaissé son taux directeur à zéro le 19 juin dernier.

Croissance, conjoncture et tendance

En pourcentage

Ce graphique montre la croissance annuelle effective du produit intérieur brut (PIB) suisse depuis 1995, sa tendance à long terme et un indicateur avancé du climat conjoncturel. L’indicateur avancé indique que la dynamique de croissance s’est nettement affaiblie ces derniers temps.
Source: Bloomberg

Le ralentissement de la croissance économique se poursuit aux États-Unis. On observe une prudence manifeste, en particulier dans les décisions de consommation et d’investissement. Les dépenses de consommation réelles des ménages ont stagné dernièrement et la dynamique dans le secteur de la construction a poursuivi son recul. De plus, la majorité des entreprises ne s’attendent pas à une reprise prochaine de leurs activités. Toutefois, on ne peut pas dire que les performances économiques se soient nettement dégradées à ce jour, la preuve en est, notamment, la persistance d’un marché du travail tendu. Il est par ailleurs frappant de constater que les droits de douane annoncés par le président Trump et en partie déjà appliqués n’ont pas, à ce jour, provoqué une nouvelle hausse sensible de l’inflation. Manifestement, les augmentations de coûts liés à cette mesure ont été absorbées principalement par les adaptations de marge effectuées par les entreprises.

Croissance, conjoncture et tendance

En pourcentage

Ce graphique montre la croissance du PIB américain réel, sa tendance à long terme ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel à partir du milieu des années 1990. D’après l’indicateur avancé, le rythme de la croissance économique aux États-Unis devrait à nouveau ralentir prochainement.
Source: Bloomberg

Dans la zone euro, la conjoncture économique faible continue d’être marquée par le fléchissement de la croissance des deux grandes économies allemande et française ainsi que par les incertitudes liées aux droits de douane américains. Le ralentissement conjoncturel se reflète notamment dans les données de la Banque centrale européenne (BCE) relatives aux négociations salariales, qui ne font plus état que de très faibles augmentations de salaires. Dans ce contexte, l’inflation s’est tout de même rapprochée progressivement de la fourchette définie par la BCE. Ainsi, l’inflation sous-jacente, qui exclut les composantes de prix volatiles et non contrôlables par une banque centrale, se situe encore à 2,3% actuellement. 

Croissance, conjoncture et tendance

En pourcentage

Ce graphique illustre la croissance du PIB réel et sa tendance ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel pour la zone euro depuis 1995. D’après l’indicateur avancé, la croissance économique devrait prochainement stagner (entre 0 et 0,5%).
Source: Bloomberg

Ces derniers temps, les données économiques de la Chine, deuxième économie mondiale, se sont légèrement améliorées. L’évolution enregistrée par le pays a des retombées, en particulier sur l’espace économique asiatique, jouant ainsi un rôle central dans la dynamique des pays émergents. Le moral du secteur industriel s’est quelque peu amélioré et même le taux d’inflation sous-jacente, qui est un bon indicateur de la dynamique conjoncturelle en Chine, s’est éloigné de son niveau le plus bas. La situation économique demeure néanmoins fragile. Le faible volume d’investissements et d’importations indique par exemple que la demande devrait se maintenir à un faible niveau dans un premier temps, ce qui s’explique notamment par la réaction à ce jour prudente de la politique économique. Jusqu’à présent, le gouvernement chinois n’a donné aucune impulsion significative à sa politique monétaire et fiscale. On remarque par ailleurs que, malgré les tensions commerciales avec les États-Unis, il a renoncé à déprécier sa monnaie, alors que, par le passé, il a utilisé cet instrument de manière ciblée pour soutenir les exportations.

Croissance, conjoncture et tendance

En pourcentage

Ce graphique montre la croissance moyenne du PIB réel, sa tendance ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel pour une sélection de pays émergents depuis 1995. D’après l’indicateur avancé, la croissance devrait prochainement se situer entre 4% et 5% (valeurs tendancielles).
Source: Bloomberg

Données conjoncturelles mondiales

IndicateursSuisseÉtats-UnisZone euroGrande-BretagneJaponIndeBrésilChine
Indicateurs
PIB A/A 2025T1
Suisse
2,0%
États-Unis
2,0%
Zone euro
1,5%
Grande-Bretagne
1,3%
Japon
1,7%
Inde
7,4%
Brésil
2,9%
Chine
5,4%
Indicateurs
PIB A/A 2024T4
Suisse
1,6%
États-Unis
2,5%
Zone euro
1,2%
Grande-Bretagne
1,5%
Japon
1,3%
Inde
6,4%
Brésil
3,6%
Chine
5,4%
Indicateurs
Climat conjoncturel
Suisse
États-Unis
=
Zone euro
Grande-Bretagne
Japon
=
Inde
+
Brésil
Chine
=
Indicateurs
Croissance tendancielle
Suisse
1,3%
États-Unis
1,6%
Zone euro
0,8%
Grande-Bretagne
1,8%
Japon
1,1%
Inde
5,3%
Brésil
1,8%
Chine
3,7%
Indicateurs
Inflation
Suisse
0,1%
États-Unis
2,7%
Zone euro
2,0%
Grande-Bretagne
3,6%
Japon
3,3%
Inde
2,8%
Brésil
5,3%
Chine
0,1%
Indicateurs
Taux directeurs
Suisse
0,0%
États-Unis
4,5%
Zone euro
2,15% 
Grande-Bretagne
4,25%
Japon
0,5%
Inde
5,5%
Brésil
15,0%
Chine
3,0%

Source: Bloomberg

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