En Suisse, de nombreuses entreprises industrielles ont anticipé les commandes aux États-Unis pour devancer les droits de douane annoncés. En mars 2025, le volume d’exportation de biens non pharmaceutiques a plus que quintuplé par rapport à mars 2024. Toutefois, les entreprises considèrent cette augmentation comme un effet exceptionnel et s’attendent à un net recul de leur activité pour les prochains mois. Par conséquent, le moral du secteur secondaire est nettement retombé en territoire négatif. La situation est un peu plus stable chez les prestataires, qui continuent de profiter d’une solide demande intérieure. Les derniers chiffres de l’inflation ont également été remarqués. Le taux de renchérissement est tombé à 0%, ce qui augmente la probabilité de nouvelles baisses de taux de la part de la Banque nationale suisse (BNS).
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Économie: Une économie basée sur les réserves
Les derniers chiffres de la conjoncture dépeignent une image trompeuse. Dans de nombreuses économies, la production industrielle et ainsi la croissance économique ont temporairement été accélérées en raison de la menace – voire de la mise en place déjà – de barrière commerciales. Aux États-Unis en revanche, la performance économique a sûrement été sous-estimée, car un volume d’importations inhabituellement élevé grève le revenu national sur le plan comptable. Ce n’est qu’au cours des prochaines semaines et des prochains mois que nous verrons l’ampleur du ralentissement économique mondial causé par cette nouvelle politique douanière.
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage

Selon l’estimation officielle, l’économie américaine a légèrement reculé lors du premier trimestre 2025. Cela étant, il est possible que ces chiffres reflètent une évolution économique légèrement trop négative. En effet, la forte augmentation des importations dans le sillage des restrictions commerciales annoncées et partiellement mises en œuvre pèse sur le revenu national d’un point de vue purement comptable. Nous ne constatons pas encore de véritable effondrement de la conjoncture. Le moral des entreprises reste stable à un niveau plutôt bas et le marché du travail continue d’afficher un bon taux d’activité. En revanche, la consommation privée a nettement faibli. Il ne reste même plus la moitié de la forte demande qui a porté la croissance ces dernières années. Considérant la crise de confiance des consommateurs, cette évolution n’a rien de surprenant. De plus, ce n’est qu’au fil de l’année que nous saurons de quel poids supplémentaire les récentes mesures de politique commerciale pèseront sur la conjoncture.
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage

Au premier trimestre, la performance économique de la zone euro a augmenté de 0,4% au total, soit un peu plus que les trimestres précédents. Toutefois, cette hausse s’explique probablement moins par une reprise généralisée que par des commandes anticipées aux États-Unis, méthode choisie par les entreprises pour réagir face à la menace de barrières commerciales. Un constat également corroboré par le fait que le moral des entreprises ne s’est guère amélioré dernièrement. Malgré la timide dynamique conjoncturelle, l’inflation a de nouveau légèrement augmenté. En avril, le taux d’inflation sous-jacente est passé de 2,4% à 2,7%. Les marchés financiers tablent toutefois sur de nouveaux abaissements de taux de la part de la Banque centrale européenne (BCE).
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage

L’Inde demeure la locomotive des pays émergents. Cette économie bénéficie à la fois d’une demande internationale solide, d’une forte croissance démographique et d’une demande intérieure en hausse. Le moral des entreprises continue également d’indiquer une activité commerciale soutenue. L’évolution actuelle en Indonésie est tout aussi positive. En revanche, la situation est nettement plus difficile au Brésil, où la conjoncture a connu un net ralentissement. La Chine aussi déçoit les attentes: la crise immobilière persistante et les problèmes structurels profonds freinent le développement de la seconde économie mondiale. À cela vient s’ajouter l’escalade du conflit commercial avec Washington. Dans ce contexte, les mesures de relance de politique budgétaire prises par Pékin sont restées globalement sans effet.
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage

Données conjoncturelles mondiales
Indicateurs | Suisse | États-Unis | Zone euro | Grande-Bretagne | Japon | Inde | Brésil | Chine |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Indicateurs PIB A/A 2025T1 |
Suisse a.i. |
États-Unis 2,0% |
Zone euro 1,2% |
Grande-Bretagne 1,3% |
Japon a.i. |
Inde a.i. |
Brésil a.i. |
Chine 5,4% |
Indicateurs PIB A/A 2024T4 |
Suisse 1,9% |
États-Unis 2,7% |
Zone euro 1,2% |
Grande-Bretagne 1,5% |
Japon 1,2% |
Inde 6,2% |
Brésil 3,6% |
Chine 5,4% |
Indicateurs Climat conjoncturel |
Suisse + |
États-Unis – |
Zone euro – |
Grande-Bretagne – |
Japon + |
Inde + |
Brésil – |
Chine = |
Indicateurs Croissance tendancielle |
Suisse 1,3% |
États-Unis 1,6% |
Zone euro 0,8% |
Grande-Bretagne 1,8% |
Japon 1,1% |
Inde 5,3% |
Brésil 1,8% |
Chine 3,7% |
Indicateurs Inflation |
Suisse 0,0% |
États-Unis 2,3% |
Zone euro 2,2% |
Grande-Bretagne 2,6% |
Japon 3,6% |
Inde 3,3% |
Brésil 5,5% |
Chine –0,1% |
Indicateurs Taux directeurs |
Suisse 0,25% |
États-Unis 4,5% |
Zone euro 2,4% |
Grande-Bretagne 4,5% |
Japon 0,5% |
Inde 6,0% |
Brésil 14,25% |
Chine 3,10% |
Source: Bloomberg