D’après les données récemment publiées par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), l’économie suisse a continué de ralentir au deuxième trimestre de cette année et n’a plus progressé. La vigueur de la consommation privée et publique a de nouveau joué un rôle de soutien au deuxième trimestre. Pour leur part, les volumes d’investissement sont en très nette baisse. Le caractère modéré de l’activité d’investissement est essentiellement dû à la situation commerciale morose des entreprises suisses. Aucune amélioration rapide n’est en vue. Comme les indicateurs conjoncturels avancés le montrent, la situation s’est encore dégradée depuis juillet. Dans le secteur secondaire en particulier, les carnets de commandes et le volume des achats des entreprises atteignent désormais des niveaux très bas. Le niveau peu élevé de la demande tient essentiellement à la faiblesse de la conjoncture sur les principaux marchés de vente. De manière moins surprenante, les entreprises demeurent pessimistes. Il est peu probable que la croissance économique repasse en territoire positif au cours des prochains mois.
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Économie: les perspectives conjoncturelles demeurent modérées
Le développement économique mondial reste exposé à de forts vents contraires. La conjoncture européenne s’affaiblit toujours plus sous l’influence considérable de l’Allemagne, première économie de la zone euro, et se dirige progressivement vers une récession. En parallèle, le rebond de l’économie chinoise est encore timoré. En raison de la faiblesse conjoncturelle sur ses deux principaux marchés de vente, l’économie suisse a cessé de croître au deuxième trimestre de cette année et s’essouffle de plus en plus. Seule l’économie américaine demeure solide pour le moment.
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Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage
Source: Bloomberg -
L’économie américaine continue de se montrer étonnamment résistante. Les récentes projections de la Federal Reserve Bank of Atlanta pointent également vers une croissance supérieure à la tendance pour la période écoulée du troisième trimestre. L’évolution conjoncturelle continue d’être soutenue par la consommation des ménages américains. La vigueur de la consommation s’explique par la stabilité des revenus, qui est essentiellement liée à un marché du travail tendu. La consommation bénéficie principalement au secteur tertiaire. À l’inverse, les signaux se dégradent de plus en plus pour l’industrie américaine. La production baisse, l’utilisation de la capacité recule et les carnets de commandes se dégarnissent. L’économie américaine risque donc également de bientôt ralentir. Pour sa part, la dynamique de l’inflation s’est déjà affaiblie. Le taux global vient certes de remonter légèrement dans le sillage de la hausse des prix de l’énergie, mais le taux d’inflation sous-jacente a nettement reculé pour s’établir à 4,3%.
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage
Source: Bloomberg -
Les mois dernier, les signaux concernant l’économie européenne se sont encore dégradés. L’évolution de la conjoncture est surtout entravée par le fort ralentissement en Allemagne, première économie de la zone euro. Le secteur secondaire est particulièrement touché. Le moral des entreprises industrielles de la zone euro est toujours en berne sous l’effet de la baisse de l’utilisation de la capacité et de la faiblesse des volumes de commandes. En août, la confiance des entreprises de services s’est aussi effritée. Bien qu’elles aient fait état d’une activité solide il y a peu de temps encore, les entreprises de services estiment désormais que leur marche des affaires ralentit. La faiblesse de la conjoncture place également la Banque centrale européenne (BCE) dans une position délicate. À l’heure de décider d’un nouveau tour de vis de sa politique monétaire, elle doit déterminer si elle souhaite briser la forte dynamique inflationniste le plus rapidement possible ou si elle entend empêcher le ralentissement économique – ou du moins ne pas l’amplifier. Elle a récemment tranché en faveur de la lutte contre l’inflation et relevé son taux directeur de 3,75% à 4,0% (taux de dépôt).
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage
Source: Bloomberg -
Plus grande économie parmi les pays émergents, la Chine reste le sujet de préoccupation majeur. Les difficultés économiques persistantes ne se sont certes pas aggravées, mais il n’y a guère de signes d’une reprise prochaine. Le moral des entreprises industrielles s’est légèrement amélioré en août, mais la production a baissé pour la troisième fois de suite. Les entreprises de services sont pour leur part devenues nettement plus pessimistes. Le point positif est que le risque d’une phase déflationniste imminente ne s’est pas accru. Le taux d’inflation reste inconfortablement bas à 0,1%, mais la tendance baissière a pu être stoppée pour l’instant. L’évolution de la conjoncture est bien plus favorable en Inde, second plus grand pays émergent. Au deuxième trimestre 2023, l’économie indienne a progressé de 2%, une croissance nettement supérieure à sa tendance à long terme. Cette évolution est soutenue par la forte accélération du secteur tertiaire.
Croissance, conjoncture et tendance
En pourcentage
Source: Bloomberg
Données conjoncturelles mondiales
Indicateurs | Suisse | États-Unis | Zone euro | Grande-Bretagne | Japon | Inde | Brésil | Chine |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Indicateurs PIB A/A 2023T1 |
Suisse 1,5% |
États-Unis 1,8% |
Zone euro 1,1% |
Grande-Bretagne 0,2% |
Japon 2,0% |
Inde 6,1% |
Brésil 4,0% |
Chine 4,5% |
Indicateurs PIB A/A 2023T2 |
Suisse 0,5% |
États-Unis 2,5% |
Zone euro 0,5% |
Grande-Bretagne 0,4% |
Japon 1,6% |
Inde 7,8% |
Brésil 3,3% |
Chine 6,3% |
Indicateurs Climat conjoncturel |
Suisse – |
États-Unis – |
Zone euro – |
Grande-Bretagne – |
Japon = |
Inde = |
Brésil – |
Chine – |
Indicateurs Croissance tendancielle |
Suisse 1,3% |
États-Unis 1,6% |
Zone euro 0,8% |
Grande-Bretagne 1,7% |
Japon 1,1% |
Inde 5,2% |
Brésil 1,5% |
Chine 3,9% |
Indicateurs Inflation |
Suisse 1,6% |
États-Unis 3,7% |
Zone euro 5,3% |
Grande-Bretagne 6,8% |
Japon 3,3% |
Inde 6,8% |
Brésil 4,6% |
Chine 0,1% |
Indicateurs Taux directeurs |
Suisse 1,75% |
États-Unis 5,50% |
Zone euro 4,5% |
Grande-Bretagne 5,25% |
Japon –0,1% |
Inde 6,5% |
Brésil 13,25% |
Chine 4,35% |
Source: Bloomberg