Les derniers chiffres de l’économie suisse publiés par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) indiquent à nouveau une légère croissance au quatrième trimestre , de 0,3%. La faiblesse des investissements effectués par les entreprises demeure une source d’inquiétude. Les investissements en biens d’équipement sont en net recul pour la troisième fois consécutive et s’inscrivent désormais inférieurs de 6% à ceux du trimestre précédent. Seules la reconstitution des stocks des entreprises et la forte augmentation de la consommation publique ont eu un effet porteur au cours du trimestre écoulé. Pour une fois, le commerce extérieur n’a pas pu apporter de contribution positive. Les secteurs de la chimie et de la pharmacie, par ailleurs robuste, ont notamment essuyé un recul de la création de valeur, tandis que la reprise du tourisme a généré une forte croissance pour le secteur de l’hôtellerie-restauration. L’évolution de l’inflation suisse demeure réjouissante. En février, l’inflation globale a de nouveau légèrement reculé pour s’établir à 1,2%. Le risque de nouvelle hausse de l’inflation est en outre limité du fait de la faiblesse de la conjoncture.
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Économie: l’inflation reste un défi
Ces derniers mois, l’inflation n’a pas suivi la même trajectoire selon les régions. En zone euro, la faiblesse de la conjoncture a permis un net recul de l’inflation sous-jacente à 3,1%. À l’inverse, le repli de l’inflation aux États-Unis a été nettement freiné par la vigueur de la croissance économique. L’inflation sous-jacente est ainsi passée de 4,0% à 3,9% entre octobre 2023 et janvier 2024. L’inflation américaine risque donc de se fixer à un niveau élevé si la conjoncture demeure dynamique. En zone euro, le contexte est plus favorable, même si les forts taux de croissance salariale et la persistance de l’inflation dans les services sonnent comme un appel à la prudence. La Suisse demeure l’exception de taille, avec une inflation qui a baissé pour atteindre 1,2%.
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Croissance, conjoncture et tendance
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En début d’année, les données économiques des États-Unis étaient contrastées. Après une nette embellie du moral des entreprises en janvier, la tendance s’est inversée en février. Le net repli de la croissance salariale et des dépenses des ménages privés a également surpris. Dans ce contexte, la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, a nettement abaissé sa prévision à court terme de la croissance économique au premier trimestre. Néanmoins, la croissance actuelle devrait continuer à dépasser le niveau de la tendance à long terme. De plus, le marché du travail reste très tendu. Au vu de la situation, il ne faut pas s’attendre à des avancées significatives en matière de lutte contre l’inflation ces prochains mois. L’inflation sous-jacente a stagné à 3,9% ces derniers mois, soit le double de l’objectif de la Réserve fédérale.
Croissance, conjoncture et tendance
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Au début de l’année et pour la première fois depuis que la récession s’est installée dans le secteur manufacturier, on note une amélioration globale du niveau de confiance des entreprises industrielles européennes. Cette tendance s’est confirmée en février. Les signes laissant penser que le secteur secondaire européen a passé le creux de la vague se sont amplifiés. L’Allemagne et l’Autriche constituent la seule exception. En Allemagne, en particulier, les prévisions d’activité des entreprises industrielles se sont une fois de plus nettement dégradées. La récession qui touche la première économie européenne devrait donc perdurer pour l’instant. La faiblesse de la conjoncture européenne a un effet positif, à savoir le ralentissement de l’inflation. Ces derniers mois, la composante sous-jacente n’a cessé de baisser et s’établit désormais à 3,1%. Même si l’inflation demeure forte dans le secteur tertiaire et que la croissance des salaires appelle à la prudence, la situation est devenue bien plus confortable pour la Banque centrale européenne (BCE), sans pour autant permettre à celle-ci d’atteindre son objectif.
Croissance, conjoncture et tendance
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La conjoncture en Chine, plus grande économie des pays émergents et seconde puissance économique mondiale, demeure faible. Le taux d’inflation, qui est fortement lié à l’évolution de la conjoncture, illustre bien ce phénomène. En janvier, il a de nouveau chuté pour atteindre –0,8%. L’inflation sous-jacente s’établit à 0,4% , un niveau exceptionnellement faible. L’objectif d’une croissance à 5% et d’une inflation à 3% annoncé en ouverture de la session parlementaire semblent exagérément optimistes au regard du contexte. Atteindre ces deux objectifs passera nécessairement par de fortes incitations au niveau de la politique fiscale ou monétaire.’ L’économie indienne, en revanche, a une fois de plus créé la surprise, dans le bon sens du terme. La cinquième économie mondiale affiche un formidable taux de croissance de 8,4% sur les quatre derniers trimestres.
Croissance, conjoncture et tendance
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Données conjoncturelles mondiales
Indicateurs | Suisse | États-Unis | Zone euro | Grande-Bretagne | Japon | Inde | Brésil | Chine |
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Indicateurs PIB A/A 2023T3 |
Suisse 0,4% |
États-Unis 2,9% |
Zone euro 0,1% |
Grande-Bretagne 0,2% |
Japon 1,7% |
Inde 8,1% |
Brésil 2,0% |
Chine 4,9% |
Indicateurs PIB A/A 2023T4 |
Suisse 0,6% |
États-Unis 3,1% |
Zone euro 0,1% |
Grande-Bretagne –0,2% |
Japon 1,0% |
Inde 8,4% |
Brésil 2,1% |
Chine 5,2% |
Indicateurs Climat conjoncturel |
Suisse – |
États-Unis – |
Zone euro = |
Grande-Bretagne + |
Japon + |
Inde – |
Brésil – |
Chine + |
Indicateurs Croissance tendancielle |
Suisse 1,3% |
États-Unis 1,6% |
Zone euro 0,8% |
Grande-Bretagne 1,7% |
Japon 1,1% |
Inde 5,2% |
Brésil 1,6% |
Chine 3,8% |
Indicateurs Inflation |
Suisse 1,2% |
États-Unis 3,2% |
Zone euro 2,6% |
Grande-Bretagne 4,0% |
Japon 2,2% |
Inde 5,1% |
Brésil 4,5% |
Chine 0,7% |
Indicateurs Taux directeurs |
Suisse 1,75% |
États-Unis 5,5% |
Zone euro 4,5% |
Grande-Bretagne 5,25% |
Japon –0,1% |
Inde 6,5% |
Brésil 11,25% |
Chine 4,0% |
Source: Bloomberg