Économie: les perspectives conjoncturelles demeurent modérées

Le développement économique mondial reste exposé à de forts vents contraires. La conjoncture européenne s’affaiblit toujours plus sous l’influence considérable de l’Allemagne, première économie de la zone euro, et se dirige progressivement vers une récession. En parallèle, le rebond de l’économie chinoise est encore timoré. En raison de la faiblesse conjoncturelle sur ses deux principaux marchés de vente, l’économie suisse a cessé de croître au deuxième trimestre de cette année et s’essouffle de plus en plus. Seule l’économie américaine demeure solide pour le moment.

  • D’après les données récemment publiées par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), l’économie suisse a continué de ralentir au deuxième trimestre de cette année et n’a plus progressé. La vigueur de la consommation privée et publique a de nouveau joué un rôle de soutien au deuxième trimestre. Pour leur part, les volumes d’investissement sont en très nette baisse. Le caractère modéré de l’activité d’investissement est essentiellement dû à la situation commerciale morose des entreprises suisses. Aucune amélioration rapide n’est en vue. Comme les indicateurs conjoncturels avancés le montrent, la situation s’est encore dégradée depuis juillet. Dans le secteur secondaire en particulier, les carnets de commandes et le volume des achats des entreprises atteignent désormais des niveaux très bas. Le niveau peu élevé de la demande tient essentiellement à la faiblesse de la conjoncture sur les principaux marchés de vente. De manière moins surprenante, les entreprises demeurent pessimistes. Il est peu probable que la croissance économique repasse en territoire positif au cours des prochains mois.

    Croissance, conjoncture et tendance

    En pourcentage

    Ce graphique montre la croissance annuelle effective du produit intérieur brut (PIB) suisse depuis 1995, sa tendance à long terme ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel. D’après l’indicateur avancé, la croissance économique devrait prochainement se situer entre –0,5% et 0%.
    Source: Bloomberg
  • L’économie américaine continue de se montrer étonnamment résistante. Les récentes projections de la Federal Reserve Bank of Atlanta pointent également vers une croissance supérieure à la tendance pour la période écoulée du troisième trimestre. L’évolution conjoncturelle continue d’être soutenue par la consommation des ménages américains. La vigueur de la consommation s’explique par la stabilité des revenus, qui est essentiellement liée à un marché du travail tendu. La consommation bénéficie principalement au secteur tertiaire. À l’inverse, les signaux se dégradent de plus en plus pour l’industrie américaine. La production baisse, l’utilisation de la capacité recule et les carnets de commandes se dégarnissent. L’économie américaine risque donc également de bientôt ralentir. Pour sa part, la dynamique de l’inflation s’est déjà affaiblie. Le taux global vient certes de remonter légèrement dans le sillage de la hausse des prix de l’énergie, mais le taux d’inflation sous-jacente a nettement reculé pour s’établir à 4,3%. 

    Croissance, conjoncture et tendance

    En pourcentage

    Ce graphique montre la croissance du PIB américain réel, sa tendance à long terme ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel à partir du milieu des années 1990. D’après l’indicateur avancé, la croissance économique devrait prochainement stagner (0%).
    Source: Bloomberg
  • Les mois dernier, les signaux concernant l’économie européenne se sont encore dégradés. L’évolution de la conjoncture est surtout entravée par le fort ralentissement en Allemagne, première économie de la zone euro. Le secteur secondaire est particulièrement touché. Le moral des entreprises industrielles de la zone euro est toujours en berne sous l’effet de la baisse de l’utilisation de la capacité et de la faiblesse des volumes de commandes. En août, la confiance des entreprises de services s’est aussi effritée. Bien qu’elles aient fait état d’une activité solide il y a peu de temps encore, les entreprises de services estiment désormais que leur marche des affaires ralentit. La faiblesse de la conjoncture place également la Banque centrale européenne (BCE) dans une position délicate. À l’heure de décider d’un nouveau tour de vis de sa politique monétaire, elle doit déterminer si elle souhaite briser la forte dynamique inflationniste le plus rapidement possible ou si elle entend empêcher le ralentissement économique – ou du moins ne pas l’amplifier. Elle a récemment tranché en faveur de la lutte contre l’inflation et relevé son taux directeur  de 3,75% à 4,0% (taux de dépôt).

    Croissance, conjoncture et tendance

    En pourcentage

    Ce graphique illustre la croissance du PIB réel et sa tendance ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel pour la zone euro depuis 1995. D’après l’indicateur avancé, la croissance économique devrait prochainement stagner (0%).
    Source: Bloomberg
  • Plus grande économie parmi les pays émergents, la Chine reste le sujet de préoccupation majeur. Les difficultés économiques persistantes ne se sont certes pas aggravées, mais il n’y a guère de signes d’une reprise prochaine. Le moral des entreprises industrielles s’est légèrement amélioré en août, mais la production a baissé pour la troisième fois de suite. Les entreprises de services sont pour leur part devenues nettement plus pessimistes. Le point positif est que le risque d’une phase déflationniste imminente ne s’est pas accru. Le taux d’inflation reste inconfortablement bas à 0,1%, mais la tendance baissière a pu être stoppée pour l’instant. L’évolution de la conjoncture est bien plus favorable en Inde, second plus grand pays émergent. Au deuxième trimestre 2023, l’économie indienne a progressé de 2%, une croissance nettement supérieure à sa tendance à long terme. Cette évolution est soutenue par la forte accélération du secteur tertiaire.

    Croissance, conjoncture et tendance

    En pourcentage

    Ce graphique montre la croissance du PIB réel, sa tendance ainsi qu’un indicateur avancé du climat conjoncturel pour une moyenne de pays émergents depuis 1995. D’après l’indicateur avancé, la croissance économique devrait prochainement se situer entre 4% et 5%.
    Source: Bloomberg

Données conjoncturelles mondiales

IndicateursSuisseÉtats-UnisZone euroGrande-BretagneJapon      IndeBrésilChine
Indicateurs
PIB A/A 2023T1
Suisse
1,5%
États-Unis
1,8%
Zone euro
1,1%
Grande-Bretagne
0,2%
Japon      
2,0%
Inde
6,1%
Brésil
4,0%
Chine
4,5%
Indicateurs
PIB A/A 2023T2
Suisse
0,5%
États-Unis
2,5%
Zone euro
0,5%
Grande-Bretagne
0,4%
Japon      
1,6%
Inde
7,8%
Brésil
3,3%
Chine
6,3%
Indicateurs
Climat
conjoncturel
Suisse
États-Unis
Zone euro
Grande-Bretagne
Japon      
=
Inde
=
Brésil
Chine
Indicateurs
Croissance
tendancielle
Suisse
1,3%
États-Unis
1,6%
Zone euro
0,8%
Grande-Bretagne
1,7%
Japon      
1,1%
Inde
5,2%
Brésil
1,5%
Chine
3,9%
Indicateurs
Inflation
Suisse
1,6%
États-Unis
3,7%
Zone euro
5,3%
Grande-Bretagne
6,8%
Japon      
3,3%
Inde
6,8%
Brésil
4,6%
Chine
0,1%
Indicateurs
Taux directeurs
Suisse
1,75%
États-Unis
5,50%
Zone euro
4,5% 
Grande-Bretagne
5,25%
Japon      
–0,1%
Inde
6,5%
Brésil
13,25%
Chine
4,35%

Source: Bloomberg

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