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Créé le 13.09.2023

Faire face à la pénurie de personnel IT qualifié avec le nearshoring

La pénurie de personnel qualifié met le secteur informatique suisse face à un grand défi. C’est pourquoi PostFinance franchit le pas et se tourne vers l’étranger. Le responsable de projet Andrea Filippelli explique ce qu’il espère du nearshoring.

De nombreux secteurs souffrent d’un manque de personnel qualifié. C’est le cas du secteur des technologies de l’information (IT), dans lequel on recherche davantage de spécialistes que le marché peut en offrir. Il est donc urgent de trouver des solutions alternatives. Le nearshoring offre une possibilité aux entreprises suisses. Il consiste à acquérir des prestations professionnelles complémentaires à l’étranger, tout en intégrant le nouveau personnel à l’entreprise. Comme complément à ses mesures courantes, la Poste a décidé de renforcer ses capacités IT de manière ciblée au Portugal, car elle n’en trouve pas suffisamment en Suisse. C’est pourquoi PostFinance intègre désormais le campus IT de Lisbonne, comme nous l’explique Andrea Filippelli.

Andrea Filippelli

Andrea Filippelli travaille chez PostFinance depuis 2018. Il était responsable de projet informatique lors de l’introduction de la QR-facture et ensuite Product Owner dans le secteur Platform Business. Aujourd’hui, il est responsable de projet global du projet nearshoring. Dans le privé, Andrea s’intéresse à la politique et à l’économie, et il se passionne pour les technologies disruptives et leurs effets sur notre environnement socioculturel.

Andrea, comme toute la branche informatique, PostFinance doit aussi faire face à la pénurie de personnel qualifié. Comment PostFinance y parvient-elle?

D’une part, les RH frayent de nouveaux chemins. Les People Attraction Managers consolident l’Employer Branding et mènent un Talent Relationship Management. D’autre part, nous nous sommes demandé ce que nous pourrions entreprendre ponctuellement et comme complément aux mesures de recrutement de personnel en Suisse dans la branche informatique, par exemple si un partenariat ou une ouverture vers l’étranger seraient des options possibles. Il était important pour nous de trouver une solution à long terme.

PostFinance a donc décidé de se lancer dans un partenariat avec le campus IT de Lisbonne. Comment ce projet est-il né, et quels espoirs PostFinance place-t-elle dans le nearshoring?

PostFinance n’est pas seule à lutter contre la pénurie de personnel IT qualifié; c’est aussi le cas du groupe Poste, qui a construit un campus à Lisbonne. C’est pourquoi nous avons étudié la possibilité d’un partenariat, avant de nous décider pour le Portugal, qui, en tant que pays de l’OCDE, remplit bon nombre de nos conditions − comme la sécurité géopolitique, la Compliance ou la sécurité des données −, tout en soutenant fortement le secteur technologique. Lisbonne est en train de devenir un point d’effervescence technologique. Nous pensons que le nearshoring est la bonne voie pour croître progressivement et de façon durable dans les cinq prochaines années, tout en faisant face à la pénurie de personnel qualifié.

 

Qui sont les spécialistes recherchés pour le campus IT?

Nous cherchons actuellement des développeuses et développeurs logiciel, des Business Analysts et des spécialistes du Test Engineering. Le processus de recrutement est en cours. Les premiers entretiens avec des personnes qualifiées ont été menés. Mais le facteur déterminant n’est pas seulement la compétence technique. Le futur personnel doit aussi partager la culture et les valeurs de PostFinance. 

À quoi ressemble le campus IT et comment est-il organisé?

Ce campus moderne est situé dans un quartier beau et calme, à proximité d’un parc. Différents unités IT spécialisées y travaillent ensemble, de manière interdisciplinaire. Nous avons pour ambition d’élargir et de renforcer les groupes de travail existant en Suisse en plus du personnel IT de Lisbonne. Nous ne voyons aucun problème à faire collaborer les deux sites. Cela fait déjà longtemps que nous travaillons de manière flexible, et beaucoup de choses se font virtuellement. C’est pourquoi du personnel de Berne et de Lisbonne vont travailler main dans la main dans les différentes équipes de projet. Nous n’en sommes néanmoins qu’à la phase de projet. Nous commencerons officiellement à l’automne 2023. 

Quelle est l’influence de ce projet de nearshoring sur les partenaires et le personnel à Berne?

Le nearshoring n’a pas d’influence sur nos partenaires. Tous les partenariats existants se maintiennent. Notre personnel de la branche IT pourra bientôt profiter de ce soutien. Pour lui, le plus grand défi sera sans doute la barrière linguistique, car à partir du lancement officiel, nous voulons progressivement mettre en place l’anglais comme langue de travail commune dans le secteur IT. Mais les différences culturelles peuvent aussi être fructueuses. Il faudra que toutes les équipes fassent preuve de respect et de tolérance.

Quelles différences culturelles as-tu à l’esprit, et quels éléments PostFinance peut-elle apporter pour garantir une bonne collaboration?

Il y a par exemple des conditions de travail et des conditions-cadres différentes. Les Portugaises et Portugais sont très fiers de leur travail et se fixent de vrais défis. Et fondamentalement, il faudrait toujours se demander comment des gens issus d’une autre culture peuvent réagir à telle ou telle situation. J’espère que les équipes à Berne sont ouvertes aux différences culturelles, qu’elles accepteront d’échanger et accueilleront leurs collègues lisboètes dans la grande famille de PostFinance. Pour favoriser la collaboration interculturelle, nous allons mettre en place des messagères et messagers. Nous inviterons également nos collègues de Lisbonne en Suisse, et, à l’inverse, enverrons parfois notre personnel au Portugal. Ainsi chacun pourra plonger dans la culture de l’autre et transmettre ses découvertes.

Quelle est la différence entre l’externalisation, l’offshoring et le nearshoring?

L’externalisation

L’externalisation consiste à sous-traiter certaines tâches ou certains projets à des entreprises tierces. Avec la délocalisation juridique et organisationnelle, les entreprises mandatées − qui signent généralement un contrat de prestations ou d’entreprise − assument la responsabilité pour un mandat donné et le mettent en œuvre selon les consignes. On externalise le plus souvent dans les secteurs du conseil, de l’IT, du service à la clientèle ainsi que dans le marketing et la distribution. 

L’offshoring

L’offshoring consiste à délocaliser dans un pays éloigné certains sites de production et de fabrication, mais aussi certaines prestations, tels que les services des centres d’appel, afin de profiter d’un niveau de salaire beaucoup plus attractif. Dans le secteur de la mode, l’offshoring est déjà répandu depuis plusieurs années. 

Le nearshoring

Le nearshoring consiste à délocaliser certaines fonctions de l’entreprise dans un pays voisin ou peu éloigné. Pour les entreprises suisses, outre l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la France, les pays d’Europe centrale et du Sud sont généralement appréciés. Si l’offshoring permet surtout de réduire les coûts, le nearshoring met davantage l’accent sur le personnel. Ainsi le secteur de l’IT mise-t-il sur le nearshoring pour faire face à la pénurie de personnel qualifié.

Quels ont été tes défis personnels, et quels sont tes souhaits pour l’avenir?

Toutes les questions juridiques sont très complexes. Il ne faut pas considérer le nearshoring comme une solution à tous les problèmes, mais le construire comme une coexistence avec le marché du travail local et le développer de manière durable. Mais ce n’est pas tout: pour moi, découvrir de nouveaux univers est un vrai enrichissement. J’espère que tout le monde va investir beaucoup de patience et d’empathie, adapter ses attentes, construire des relations et profiter des autres impulsions. Et je souhaite que nous puissions implanter les valeurs de PostFinance dans le campus IT de Lisbonne.

Résumé: le nearshoring aide à lutter contre la pénurie de personnel qualifié

L’Allemagne et l’Autriche misent depuis longtemps déjà sur le concept du nearshoring. Et elles le font avec succès. Il n’est alors pas étonnant que de plus en plus d’entreprises suisses découvrent les avantages de ce concept. Étant donné que les coûts totaux ne sont en général pas beaucoup moins élevés que dans le pays d’origine, le nearshoring est rarement employé pour faire des économies. Il permet plutôt de trouver du personnel qualifié dont on a urgemment besoin. Il faut reconnaître et saisir cette opportunité.

Trois avantages du nearshoring

La culture

Il y a bien sûr des différences, mais en Europe, on constate moins de problèmes causés par l’origine culturelle que par exemple dans la collaboration avec les pays asiatiques.

La langue

Les barrières linguistiques sont moins importantes qu’on le suppose peut-être. De nombreux Européens et Européennes − particulièrement les jeunes − parlent excellemment anglais. Et en Europe de l’Est, ils parlent souvent allemand. 

La distance

En Europe, le décalage horaire maximum est de deux heures. Il n’y a donc pas grandes différences dans les horaires de travail. En raison de la proximité géographique, les réunions personnelles sont en outre plus faciles à mettre en place.

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