Le prochain rendez-vous se présente, on se presse à la rencontre du client alors que la réunion Skype exigeante dont on vient de sortir nous accapare encore l’esprit. Sur le chemin du rendez-vous, on se rappelle que l’on a promis des documents à une collègue que l’on devra absolument envoyer plus tard, et on lit encore rapidement un e-mail. La réunion commence. On a une décision importante à prendre. 

Pour Gabriela von Arx, qui enseigne la pratique de la pleine conscience, il s’agit là d’une situation typique dans laquelle il peut être utile de faire une pause, de prendre conscience de son attitude intérieure du moment et d’habiter pleinement son corps et son esprit. «Si je suis distraite ou stressée, par exemple, mes décisions ne vont généralement pas améliorer la situation», explique-t-elle. «Je dois donc d’abord prendre conscience du fait que je suis distraite ou stressée. C’est seulement après cette phase que je suis en mesure de maîtriser la situation et de prendre une décision à ce sujet.» 

Prendre chaque décision en pleine conscience

En s’arrêtant un instant, on s’ouvre des possibilités. Si l’on est stressé, il convient de se poser des questions telles que: «Suis-je moi-même à l’origine de ce stress ou vient-il de l’extérieur?», «Est-ce que j’accepte le stress ou est-ce que je le repousse?», «Quelles sont les impulsions que je distingue?» ou encore «Dois-je agir immédiatement ou suis-je plus efficace si je prends un peu de recul?». Cette méthode de pleine conscience permet de ne pas se laisser dépasser et de choisir délibérément la manière dont on souhaite se comporter dans chaque situation. «Nous évoluons souvent en mode pilotage automatique et gérons les choses comme nous avons l’habitude de le faire», poursuit Gabriela von Arx. La pleine conscience aide à identifier systématiquement ce mode de fonctionnement et à décider comment gérer la situation en toute connaissance de cause.» Dans ce contexte, la pleine conscience aide aussi à ne pas tout subir et à fixer des limites.

Trois conseils pour affronter le quotidien professionnel en toute conscience

Conseil n° 1: commencez votre journée de travail par quelques moments d’inaction délibérée: une fois arrivé(e) à votre poste de travail, arrêtez-vous un instant et faites quelques exercices de respiration. Notez sans jugement la qualité de votre respiration: est-elle rapide ou lente, profonde ou légère? Tout en respirant, prenez conscience de ce que ce moment d’introspection provoque en vous et, après l’exercice, prêtez attention à ce qui a changé.

Conseil n° 2: effectuez certaines activités routinières en leur accordant toute votre attention – par exemple attraper un bout de papier. Réfléchissez dans un premier temps au motif de votre action, puis inspirez et expirez profondément et accomplissez enfin votre action délibérément. Que ressentez-vous durant le mouvement et son aboutissement? Quels mouvements ont été nécessaires pour attraper le morceau de papier? Profitez de cette occasion pour vous offrir un petit moment de méditation au cœur de votre quotidien agité.

Conseil n° 3: décelez les premiers signes de stress qui vous sont propres. Si votre pouls s’accélère ou si vous commencez à transpirer et que vous êtes irrité(e), n’en ayez pas honte et ne vous laissez pas énerver; essayez plutôt de vous recueillir. Cela peut vous aider à identifier plus tôt les comportements irrationnels et automatiques que vous adoptez inconsciemment, et donc à agir en conséquence.

L’attention: une question d’entraînement

Être en pleine conscience demande de l’entraînement. En somme, il s’agit de considérer son corps comme un donneur d’alerte précoce. Dans le cadre d’ateliers et de séminaires, Gabriela von Arx enseigne des techniques pour se recentrer sur son corps et comprendre ce qui s’y passe en situation de stress. «Aussi courts soient-ils, lorsque ces exercices deviennent des habitudes, ils commencent à porter leurs fruits», précise-t-elle. Se concentrer sur son souffle permet par exemple de s’ancrer dans le présent, de même que relâcher ses épaules permet de prendre un peu de distance. 

Un élément de l’attitude intérieure

Cependant, les exercices sont des moyens et pas une fin en soi. «L’attitude intérieure est un élément de la pleine conscience qui consiste à faire preuve d’ouverture d’esprit, d’intérêt, d’application et de curiosité et à traiter son entourage avec amabilité et bienveillance», souligne Gabriela von Arx. L’objectif des exercices de concentration est de cultiver cette attitude. Gabriela von Arx en est convaincue: cet état d’esprit finit aussi par se répercuter sur le travail. «Il a été prouvé que la pleine conscience a une influence sur l’efficacité. C’est en quelque sorte un effet secondaire positif des exercices de concentration.»